Le Christ en Gloire De Cervon

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LE CHRIST EN GLOIRE DE CERVON
Une présence discrète et significative

 

Au centre du village de Cervon, au sud-est de Corbigny, sur la paroisse Saint-François d'Assise, l'ancienne abbatiale Saint-Eptade, du Ve siècle, sécularisée au XIIe reste imposante. Transformée en église au XIXe, après destruction de la nef, le bâtiment consacré à saint Barthélemy est renommé pour son tympan et sa piéta Renaissance dans une chapelle latérale. Un lieu de paix et de culture qui mérite une halte.

Cervon, gros bourg de 650 habitants et plus en été, autrefois fortifié, marque le passage du Bazois au Morvan. Aux abords de l'église, une cave voûtée sous l'école actuelle, les vestiges d'une tour de grès et de calcaire, témoignent d'un passé révolu et de bâtiments claustraux.

Un détail à priori anodin accroche pourtant le regard. Le tympan roman de l'ancienne collégiale révèle un Christ en gloire entouré d'étoiles, dans une mandorle fatiguée par les outrages du temps et des intempéries. Un style bien connu à Vézelay et Autun, autrefois fort liés.

Avant le Moyen-Âge, le prieuré bénédictin de Cervon dépendait de l'abbaye de Saint-Martin d'Autun. Cela explique les similitudes avec le Christ en gloire de la cathédrale Saint-Lazare. Nul doute que le sculpteur s'est inspiré de l'œuvre du célèbre tailleur de pierre, Gislebertus.

Sur le tympan, aujourd'hui restauré, le tétramorphe*, par endroit érodé, sertit le noyau en amande dans lequel trône le Christ en majesté. On y devine l’homme ailé de Matthieu, l'aigle de Jean, le taureau de Luc et le lion de Marc, encore de bonne facture, malgré le poids des siècles.

Le Christ en gloire montre de sa main droite endommagée, le chemin de la vie éternelle. Il accueille le croyant, le pèlerin ou autre promeneur dans une attitude d'enseignement, plus que dans un geste de bénédiction.

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Christ en majesté sur le portail ouest

On le voit assis sur un trône ciselé, représenté en maître du monde. Il est plongé dans l'éternité, le livre des Saintes Écritures dans la main gauche, le visage statique, enveloppé d'une auréole.

La figure christique d'un homme mûr et barbu, les cheveux tombant sur les épaules, vêtu d'une longue tunique finement travaillée s'impose à l'œil du profane.

Ce Christ est la représentation privilégiée par l'Occident médiéval sur les tympans des églises romanes et gothiques.

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Vue de l'église Saint Barthélémy (apôtre) au plan en croix latine

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La piéta du XVIIe siècle, classée Monument Historique en 1962, est en attente de restauration dans la chapelle à droite du chœur

À l'inverse, le Christ pantocrator (visible dans le chœur roman de la cathédrale Saint-Cyr Sainte-Julitte de Nevers) dont on ne voit que le buste, est typique de l’art byzantin.

 

 

Fabienne Savajols

* - le tétramorphe est la réunion des quatre attributs des évangélistes.

Source : Église de la Nièvre - juillet-août 2020