Église et Prieuré de Commagny

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ÉGLISE ET PRIEURÉ DE COMMAGNY
Le monachisme aux portes du Morvan

 

Si la Bourgogne est le berceau des ordres clunisien et cistercien, la Nièvre se caractérise par un patrimoine conséquent d'églises romanes, à la vitalité parfois surprenante. Se faire pèlerin et sillonner le territoire au regard de ses clochers épars, en dit long sur l'histoire de cette région de France.

 

Commagny, hameau verdoyant de la commune de Moulins-Engilbert rattaché à la paroisse Saint-Paul au cœur de la Nièvre, se distingue par son église du XIIe siècle placée sous le vocable de saint Laurent.

Coiffée d'une flèche d'ardoise surplombant un clocher carré de style clunisien, le sanctuaire aux pierres séculaires veille sur les âmes inhumées dans son petit cimetière adjacent. Sur sa gauche, l'ancienne maison du prieur fondée au VIIIe siècle par les moines bénédictins de l'abbaye Saint-Martin d'Autun, elle-même démantelée fin XVIe, témoigne d'un passé révolu.

Avant le Moyen Âge, le prieuré Saint-Hilaire comptait une douzaine de moines dont la vie était rythmée par huit heures de travail, huit heures de prière, huit heures de repos.

Le prieur était habilité à exercer et rendre la justice sur ses terres, la tour d'escaliers du bâtiment servait de ce fait de prison. Elle témoignait de l'autorité de son occupant.

Puis, pendant la Révolution de 1789, le prieuré est vendu comme bien national avant de devenir propriété privée, à la fin du XIXe siècle. Plusieurs familles, soucieuses de son entretien se sont succédé depuis, sauvant ainsi de la démolition un des fleurons de l'histoire chrétienne.

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La nef lambrissée, complètement dépouillée attire le regard par sa largeur proportionnelle à sa hauteur donnant une impression d'équilibre et d'harmonie

L'église est le vaisseau et l'arche dans lesquels l'invisible et le visible entament un dialogue d'éternité, transfigurant le temps1. En ce sens, la charpente unique par l'enchevêtrement de ses arêtes en bois de châtaigner invite à la méditation.

Elle protège une large nef, tandis que le chœur paré de colonnettes et le transept de chapiteaux sont dotés de sculptures parfois énigmatiques pour le profane, comme si les personnages semblaient narguer animaux et historiens.

 

 

 

Fabienne Savajols

 

 

1 - Marie-Madeleine Davy, Initiation à la symbolique romane, Champs Flammarion.

Source : Église de la Nièvre - mars 2020