La croix de l’épopée de Saint-Martin

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LA CROIX QUI RACONTE
L’épopée de saint Martin

 

Au cœur de la forêt morvandelle, la croix du Pas de Saint-Martin rappelle aux randonneurs que l'ancien évêque de Tours les a précédés en Gaule, sur le chemin-pèlerin vers Saint-Jacques de-Compostelle. Dans le froid glacial du début janvier, une habitante du hameau d'Arringes nous a guidés sur les pas du saint thaumaturge.

Une croix en chêne massif dresse son double-mètre en bordure du chemin de randonnée qui traverse Arringes, sur les contreforts de la rive gauche du lac de Pannecière, vers Montigny-en-Morvan.

 

Maryse, une habitante du village, pointe du doigt les initiales RD et RP gravées sur le bois. « Deux paroissiens - dont un parent proche - l'ont élevée en 1991, en remplacement d'une précédente croix vermoulue, explique cette marcheuse aguerrie. Ici, nous sommes très attachés à cette croix qui raconte l'histoire des débuts du christianisme dans la région. »

 

Au début du Ve siècle, Martin, jeune soldat romain originaire de Hongrie, sillonnait la Gaule bourguignonne sur son âne afin d'évangéliser. Chemin faisant, il balayait le paganisme d'alors et remplaçait les temples par des églises et des oratoires. Les Éduens, très implantés localement, s'y opposèrent.

 

Ils pourchassèrent avec ardeur Martin et son baudet, sur la voie secondaire de la Galia Celtica qui relie Bibracte à la Cure, et rejoint plus au sud, la voie romaine d'Autun à Orléans. L'animal effrayé fit de tels bonds pour échapper aux coups des Gaulois, que l'empreinte de ses sabots et celle des pas de son maître s'imprimèrent dans le sol et y restèrent à jamais gravés.

Croix-Saint-Martin-01

Roger Perruchot et Roger Devouard, paroissiens de Montigny-en-Morvan, ont édifié cette croix en 1991. Elle a été restaurée en 2016, à l'occasion des 1700 ans de la naissance de saint Martin.

« Regardez les deux traces, montre Maryse en ôtant quelques feuilles gelées : rien ne pousse à cet emplacement : ni mousse, ni mauvaises herbes ! » Elle explique ensuite que, près du socle de la croix, la pierre plate qui recouvre une petite cavité de la taille d'une chaussure d'adulte sert à recueillir la menue monnaie des pèlerins en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle.

« La croix du Pas de Saint-Martin n'est pas qu'une légende, précise-t-elle. Elle est le Signe vivant d'une présence spirituelle. Nous veillons à entretenir ce petit patrimoine rural et, lorsque le bois se ternit, nous appliquons un gel de lasure protecteur. En 2016, nous l'avons fait restaurer et bénir par le curé de Notre-Père-en-Morvan. »

Souhaitons que la croix du Pas de Saint-Martin guide encore pèlerins et randonneurs pendant des siècles et des siècles.

 

 

Fabienne Savajols