Bulletin juillet août 2022

Lettre de notre évêque pour donner suite de sa visite pastorale

« Chers frères et sœurs, Après les quelques jours de visite pastorale accomplis parmi vous, dans la paroisse Notre-Père en Morvan, je tiens d’abord à remercier tous ceux et celles qui ont préparé cette visite, qui m’ont accueilli, qui m’ont accompagné. Cette visite se situait, malgré l’interruption des activités due à la crise sanitaire, dans le prolongement de la réforme des paroisses, qui a conduit à l’érection de cette nouvelle paroisse, réunissant les anciennes paroisses de Château-Chinon, de Montsauche, d’Alligny et d’Ouroux en Morvan.

C’est un défi pour vous d’unifier toutes ces parties du territoire morvandiau dans une seule communauté paroissiale, tant les distances sont importantes d’un lieu à l’autre. Mais je note le chemin parcouru, avec la détermination de votre curé et la collaboration de l’Équipe d’animation pastorale. Cette équipe travaille aujourd’hui dans la sérénité et manifeste à la fois la diversité et l’unité de la paroisse.

Il est difficile d’envisager une unification de la paroisse qui ne tienne pas compte des spécificités de chaque endroit. Les liens de proximité sont à préserver et même à renforcer, en même temps que se construit l’unité de l’ensemble.

Quels sont les principes de cette unité ? Elle procède du Père, dans la communion trinitaire. Et le nom donné à votre paroisse rappelle que tout procède du Père, par le Fils, dans l’Esprit Saint. L’unité n’est donc pas d’abord géographique, mais spirituelle, c’est-à-dire qu’elle est celle de l’Esprit Saint. Et cette visite m’a permis de constater une véritable unité spirituelle entre vous, une unité qui a grandi par rapport aux années précédentes et qui me réjouit.

Cette unité est garantie par le curé de la paroisse, pasteur au nom du Christ, le Bon Pasteur. Deux prêtres sont à votre service, mais avec des fonctions différentes. Le ministère du P. Geoffroy de Montpellier comporte une dimension paroissiale, par les célébrations des messes et des autres sacrements, mais il ne prend pas part au gouvernement de la paroisse. Son ministère, dans la paroisse et dans le diocèse, est surtout de l’ordre de la sanctification : accompagnement spirituel et animation des « Cénacles ». Le ministère du P. Arockiadoss Velanganni est celui de curé, mot qui signifie : « qui prend soin ». La « cura animarum » est le soin des âmes. Le curé n’est donc pas essentiellement un organisateur, un manager, un patron, il est d’abord celui qui prend soin de tous, qui veille sur tous comme le berger veille sur ses brebis. Il veille à l’unité entre tous et à l’annonce de l’Évangile à tous. Il veille à donner à chacun sa place dans le corps du Christ, dans la communauté, et à ce que les pauvres et les personnes les plus fragiles soient reconnus avec leurs richesses propres. C’est lui qui veille aussi à ce que les charismes et les talents puissent s’exprimer pour le bien de la communauté tout entière.

Je me réjouis de la dynamique missionnaire de votre paroisse : au nord avec la naissance des Scouts Unitaires de France, le projet de l’ancienne maison des sœurs de Montsauche, la fraternité d’Alligny, la plus grande présence d’enfants au catéchisme et la participation des parents… Au sud, l’ouverture à la vie locale : fête de la pomme à St Léger de Fougeret, lien avec RadioMorvan. Plus globalement, relations avec les maires des communes…  Le parcours du M de Marie continue de porter des fruits : accueil de la statue de Marie dans les maisons toujours demandé, installation de la grande statue dans la maison Saint-Hilaire. Vous faites aussi porter votre effort sur le partage de la Parole de Dieu. Cela ne se fait pas autant que vous le souhaiteriez, et la crise sanitaire a été un frein, mais je vous encourage à poursuivre la constitution de ces petits groupes de partage.

Vous m’avez parlé des trois axes du projet pastoral de la paroisse : la fraternité, la communication et l’écologie. Vous constatez qu’ils ne se traduisent pas toujours par des avancées significatives :

• Les équipes fraternelles de proximité (ou fraternités missionnaires) peinent à se constituer.
• Vous avez formé une équipe pour la communication, vous avez un site internet ; mais vous êtes bien conscients que communiquer c’est avant tout une manière d’être. Les lieux peuvent aussi être des vecteurs de communication : l’aménagement d’une salle pour la rendre plus accueillante est une manière de communiquer sur ce qu’on est.
• Vous avez manifesté un peu de déception quant à votre cheminement vers le label « Église verte ». Mais dans le même temps vous avez travaillé de façon approfondie sur l’encyclique Laudato Si’. Il me semble qu’au-delà des efforts que l’on peut faire individuellement ou collectivement, il est bon de former son cœur à l’écologie intégrale, qui inclut dans une grande cohérence la relation de l’homme à Dieu, à son environnement et à ses semblables. Les aspects spirituels et humains se conjuguent dans la vision chrétienne du monde.

En ce qui concerne la pastorale des funérailles, je salue le travail des membres des équipes, et notamment la compétence et la disponibilité des personnes appelées à conduire les funérailles.

La pastorale des malades, à domicile ou en EHPAD, mobilise aussi plusieurs d’entre vous, et mériterait de se développer.

Le Secours catholique n’a plus d’équipe locale dans cette paroisse. Mais Claude Lévêque continue d’assurer un certain nombre de services, et je suis heureux de la visite qu’a fait l’animatrice du territoire, Isabelle Hégy, avec laquelle nous avons évoqué les projets et les manifestations de la délégation pour relancer une dynamique ici.

Au cours de cette visite j’ai rencontré différents mouvements présents dans la paroisse (comme l’équipe du Rosaire, le MCR, l’équipe de partage chez Bernadette Colas). Ces groupes ont chacun leur spécificité, et certains ont du mal à se renouveler. Mais il est bon de développer les lieux de partage de la prière, d’écoute de la Parole de Dieu, d’écoute mutuelle, où l’on cultive les liens fraternels et où l’on s’ouvre à ceux qui cherchent Dieu ou qui ont besoin de rejoindre un lieu d’Église.

Mais cette visite pastorale était aussi l’occasion de rencontrer des réalités locales, en dehors de l’Eglise. J’ai ainsi pu visiter l’éco-musée de l’Abeille, découvrir le barrage de Pannecière, faire un tour au lac des Settons. Au-delà de l’aspect touristique, j’ai rencontré des gens passionnés et désireux de développer la vie locale.

La petite marche sur les pas de saint Martin était aussi très sympathique et a rappelé l’importance de ce saint pour

l’évangélisation de notre pays, même si les Eduens ne lui ont pas fait bon accueil !

Enfin, j’ai eu la joie de confirmer des enfants et des jeunes en conclusion de cette visite pastorale. J’ai beaucoup apprécié les échanges avec eux. Les confirmands étaient plus jeunes que ceux habituellement préparés dans les autres paroisses, mais l’âge de la confirmation n’est pas fixe et je souhaite amorcer au niveau diocésain une réflexion d’ensemble sur les sacrements de l’initiation chrétienne. Dans votre paroisse des adultes ont aussi demandé de se préparer à la confirmation. Cela me réjouit beaucoup et c’est un stimulant pour la communauté chrétienne qui est appelée à les accompagner.

En ce qui concerne la célébration du dimanche, joyeuse et bien préparée, je regrette seulement qu’elle n’ait pas rassemblé plus de monde, notamment de la partie nord de la paroisse. C’est l’un des signes de la difficulté particulière de ce territoire.

Un dernier mot, qui concerne les ministères dont notre Église a besoin pour assurer sa mission. Il y a les ministères ordonnés de prêtre et de diacre, pour lesquels il faut continuer de solliciter le Seigneur. Vous êtes conscients de la grâce de la présence du P. Dass, pleinement donné à son ministère, lui qui vient d’un pays bien différent du nôtre. Il est attentif à vous comme vous êtes attentifs à lui. Cette proximité, humaine et spirituelle, est capitale. Mais aujourd’hui d’autres ministères se dessinent pour le bien de nos communautés : certains d’entre vous par exemple assurent le ministère de la conduite des funérailles, par délégation. Mais d’autres peuvent être appelés à des ministères institués, comme ceux de lecteur, acolyte ou catéchiste, lequel vient d’être créé par le pape François. Certains d’entre vous se sentent appelés à ces ministères. Cela demande un discernement au cas par cas, mais je suis prêt à commencer cette expérience dans votre paroisse.

Que le Seigneur soit béni pour tout ce qu’il fait parmi vous, et qu’il vous conduise toujours plus dans la communion avec lui et entre vous, pour l’annonce de son Évangile. »

+ Thierry Brac de la Perrière, Évêque de Nevers