L’encensoir de Château-Chinon

NOTRE-PÈRE EN MORVAN

L'ENCENSOIR, UN PARFUM DE SAINTETÉ

Symbole de prière et de purification, l'encens est l'un des plus anciens parfums utilises par l'homme. Cadeau des rois mages au Christ, il est associe aux cérémonies religieuses chrétiennes afin d'encenser l'autel, la sainte Croix, les catafalques. Nous avons porte notre attention sur l'encensoir de Château-Chinon au cours de l'office du sixième dimanche du Temps ordinaire.

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L'encensoir est toujours utilisé aux moments les plus
importants de la célébration liturgique.
Ici, le père Arockiadoss encense l'assemblée des fidèles.

L’odeur de « vieille église », qui ne provient pas des  murs ni ne tombe du ciel, interpelle les fidèles masqués dans la nef, aussit6t la procession entrée dans le sanctuaire Saint-Romain. Un parfum de gomme-résine végétale et d'huile essentielle se répand dans l’atmosphère accueillante, sous forme d'épaisses volutes.

Ce jour-là, le curé de Notre­ Père en Morvan est secondé d'un thuriféraire d'une paroisse voisine, âgé d'une quinzaine d'années.

Ce dernier est accompagné de son petit frère, également servant d'autel, trop heureux de porter la modeste navette qui alimente le brûle-parfum en encens. Entre les mains du prêtre et au son d'un cliquetis mécanique, l'encensoir tourne autour de l'autel dans le flux et reflux d'émanations aromatiques.

« Que ma prière devant toi s'élève comme un encens » peut-on lire dans le psaume 140.

L'encens symbolise la prière, celle qui honore, purifie les âmes, monte vers les cieux. Melchior, Gaspard et Balthazar, les rois mages, en avaient offert à l'enfant Jésus dans la crèche de Bethléem, en sus de la myrrhe et de l'or.

Depuis les chapelles latérales, le chœur de l'église tamise une lumière de fin d'hiver qui patine le bronze de l'encensoir, comme si les incantations transformaient cet éclat en arômes. Les grains de résine se consument en silence sur les charbons ardents du vase sphérique.

Son couvercle, actionne par l’usage d'une chaînette coulissante, est surmonté d'une cheminée ajourée, qui laisse filtrer les effluves épicés. lls se répandent alentour, s'infiltrent dans l'abside et les travées, le long des bancs occupés et des colonnes de granit. Même les statues sur leur socle semblent en odeur de sainteté !

Des fidèles dispersés çà et là toussotent derrière leur masque, la gorge voilée par les fumées sacrées, puis l'assemblée se signe avant la lecture de l'évangile selon saint Marc. Les jeunes acolytes sont recueillis et leur concentration n'échappe pas au prêtre qui, derrière l'ambon, partage avec eux la joie de célébrer.

Le vase brûle-parfum suspendu à ses trois chaînes, attire les regards des paroissiens qui l'observent tanguer, d'un œil exercé. Au moment de l'offertoire, nouvelles oscillations  de gauche à droite, de bas en haut autour du pain, du vin, et de l'autel. Un rite qui remonterait au temps des premiers chrétiens et dont la tradition sacralise les cérémonies. La messe s'est terminée dans un cantique d'action de grâce, la pâleur de la lumière s'est évanouie derrière le chœur, et l'encensoir s'est arrêté de fumer.

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Le botafumeiro, (54 kg, 1,60 m, I00 kg plein d'encens) de la cathédrale de
Saint-Jacques-de-Compostelle, est le plus remarquable au monde.

Son balancement fait toute la longueur du transept de I'église.

 

 

 

Fabienne Savajols

 

Source : Église de la Nièvre - avril 2021.